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contre notre reine, que Dieu protège, des bandes d’assassins. Du milieu de ces murs n’a-t-elle pas poussé le scélérat Parry et Babington à l’exécrable régicide ? Cette grille de fer l’a-t-elle empêchée de séduire le noble cœur de Norfolk ? Pour elle, la meilleure tête du royaume est tombée sous la hache du bourreau, et cet exemple déplorable n’a pas effrayé les insensés qui se disputaient l’honneur de se précipiter dans l’abîme pour elle. Des échafauds ne sont-ils pas sans cesse occupés par de nouvelles victimes qui se dévouent à elle ? Et cela ne finira que lorsqu’elle sera elle-même sacrifiée, elle, la plus coupable de tous. Oh ! maudit soit le jour où le rivage hospitalier de notre île a reçu cette Hélène !

Kennedy. Quelle hospitalité a-t-elle reçue en Angleterre ? La malheureuse ! depuis le jour où elle est venue dans ce pays en exilée, en suppliante, implorer le secours d’une parente, elle a été arrêtée, contre le droit des gens et la dignité des rois ; et c’est dans un cachot qu’elle passe dans les larmes les belles années de sa jeunesse. Maintenant, après avoir subi tout ce que la prison a de plus amer, la voilà, comme un criminel vulgaire, appelée à comparaître devant un tribunal, accusée honteusement d’un crime capital ; une reine !

Paulet. Elle est venue dans cette contrée, poursuivie par son peuple comme une meurtrière, chassée du trône qu’elle avait souillé par d’horribles actions ; elle est venue après avoir conjuré contre le bonheur de l’Angleterre, songeant à ramener l’époque sanglante de la reine Marie, à nous rendre catholiques, à nous livrer aux Français. Pourquoi a-t-elle refusé de souscrire au traité d’Edimbourg, d’abdiquer toutes ses prétentions sur l’Angleterre, et de s’ouvrir d’un trait de plume les portes de ce cachot ? Elle a mieux aimé rester prisonnière, être exposée aux mauvais traitements, que de renoncer au vain éclat d’un titre. Et pourquoi a-t-elle