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le masculin, ny consequemment besoin 255 d’acception d’un sexe plustost que de l’autre, pour honnorer 256 l’incarnation de son fils ; 257 cettuy cy 258 monstre à plein jour, qu’il est aussi mauvais Philosophe que Theologien. 259 D’ailleurs, l’advantage qu’ont les hommes par son incarnation en leur sexe ; (s’ils en peuvent tirer un advantage, veu cette necessité remarquée) est compensé par sa conception tres precieuse au corps d’une femme, par l’entiere perfection de 260 cette femme, unique à porter nom de parfaicte entre toutes les creatures purement humaines, depuis la cheute de nos premiers parens, et par son 261 assumption unique 262 en suject humain aussi. 263 Finalement si 264 l’Escripture a déclaré le mary, chef de la femme, la plus grande sottise que l’homme 265 peust faire, c’est de prendre cela pour 266 passedroict de dignité. Car veu les exemples, 267 aucthoritez et raisons nottées en ce discours, par où l’egalité des graces et 268 faveurs de Dieu vers les deux 269 especes ou sexes est prouvée, 270 voire leur unité mesme, et veu que Dieu prononce : Les deux ne seront qu’un : et prononce 271 encores : L’homme quittera pere et mere pour 272 suivre sa femme ; il paroist que 273 cette declaration 274 n’est faicte que par le besoin 275 expres de nourrir 276 paix en mariage. 277 Lequel besoin requeroit, sans 278 doubte, qu’une des parties 279 cedast à l’autre, 280 et la prestance des forces du masle 281 ne pouvoit pas souffrir que la 282 soubmission 283 veint de sa part. Et quand bien il seroit veritable, selon que quelques uns maintiennent, que 284 cette soubmission 285 fut imposée à la