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faire mention s’il estoit particulier, cela s’appelle dépendant du mouvement et 217 volonté de son auctrice : non plus que je 218 ne parle des autres de ce qualibre ; bien qu’ils soient immenses en quantité, comme ils sont autant heroiques en qualité de toutes sortes, que ceux qui couronnent les plus illustres hommes. Ie n’enregistre point les faicts privez, de crainte qu’ils 219 semblent, 220 non advantages et dons du sexe, 221 ains boüillons d’une vigueur privée 222 et specialle. 223 Mais celuy de Iudith merite place en ce lieu, 224 parce qu’il est bien vray, que son dessein tombant au cœur d’une jeune dame, entre tant d’hommes 225 lasches et faillis de cœur, à tel 226 besoing, en si haulte et si difficile entreprise, et pour 227 tel fruict, que le salut d’un Peuple et d’une Cité fidelle à Dieu : semble plustost estre 228 une inspiration et 229 prerogative divine 23 vers les femmes, qu’un traict purement 231 voluntaire. Comme aussi le semble estre celuy de la Pucelle d’Orleans, accompagné de mesmes circonstances environ, mais de plus ample 232 et large utilité 233, s’estendant jusques au salut d’un grand Royaume et de son Prince[1].

234   Cette illustre Amazone instruicte aux soins de Mars,
Fauche les escadrons et brave les hazars :
Vestant le dur plastron sur sa ronde mammelle,
Dont le bouton pourpré de graces estincelle :
Pour couronner son chef de gloire et de lauriers,
Vierge elle ose affronter les plus fameux 235 guerriers.

  1. Aeneid. I. allusion. (N. d. a.) (Marie de Gournay cite ici sa propre traduction.)