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et disgraciée 76 nourriture de ce sexe. 77 N’oubliant pas au reste d’alleguer 78 et relever en autre lieu de son mesme livre, 79 cette authorité que Platon leur depart en sa Republique : et qu’Anthistenes nioit toute difference au talent et en la vertu des deux sexes. Quant au Philosophe Aristote, 80 puisque remuant Ciel et terre, il n’a point 81 contredit en gros, que je scache, l’opinion qui favorise les dames, il l’a confirmée : s’en rapportant, 82 sans doubte, aux sentences de son pere et grand pere spirituels, Socrates et Platon, comme à chose constante et fixe soubs le credit de tels 83 personnages : par la bouche desquels il faut advoüer que le 84 genre humain tout entier, et la raison mesme, ont prononcé leur arrest. Est-il 85 besoing d’alleguer infinis autres 86 anciens et modernes de nom illustre[1], ou parmy ces derniers, Erasme, 87 Politien, Agripa, 88 ny cet honneste et pertinent Precepteur des courtizans[2] : 89 outre tant de fameux Poëtes si contrepoinctez tous ensemble aux mespriseurs du sexe feminin, et si partisans de ses advantages aptitude et disposition à tout office et 90 tout exercice louable et 91 digne ? Les dames en verité se consolent 92 que ces 93 descrieurs de leur merite ne 94 se peuvent prouver habiles gens, si tous ces 95 esprits le sont : et qu’un 96 homme fin ne dira pas, encores qu’il le 97 creust, que le mérite et 98 passedroit du sexe feminin tire court 99, pres celuy du masculin ; jusques

  1. Erasme, Epist : et Colloq. Politia, Epist : Agripa, Precel : du sexe feminin. (N. d. a.)
  2. Courtizan. (N d. a.) B. Castiglione, auteur du Cortegiano.