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Et ce n’est pas tout. Des malins se sont amusés à vouloir la faire passer pour sorcière parce qu’elle s’est un temps occupée d’alchimie. Elle ne le nie pas. Au contraire, elle déclare que c’est folie de nommer folle une chose occulte au sujet de laquelle on ne doit rien affirmer ni nier. D’ailleurs, la curiosité est une vertu et il ne faut jamais empêcher l’intellect de s’appliquer à une belle spéculation de nature. Cependant il faut prendre deux précautions : d’abord se garder des grosses dépenses afin de ne pas risquer l’assuré pour l’incertain ni le présent pour le futur, et puis ne point se laisser prendre à l’espérance de millions de millions. Car si le fruit véritable de l’alchimie était la production infinie de l’or et de l’argent, ces métaux deviendraient vils et sans prix. Le bénéfice de cet art, si bénéfice il y a, ne peut être que modéré. Par conséquent l’alchimie de Mademoiselle de Gournay n’est pas celle du vulgaire : elle la pratique sous toutes réserves et sans excès. Le mauvais état de sa fortune a fait croire qu’elle s’y ruinait. Quelle erreur ! Elle cherchait au contraire dans la pratique de l’art