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En général, et c’est ici le lieu de le dire, on regrette souvent, en lisant les ouvrages de Vinet, qu’il n’ait pas reçu une éducation plus complète. La critique et ses méthodes rigoureuses, l’histoire, la philosophie, c’est-à-dire, en dernière analyse, la véritable culture scientifique, lui sont restées trop étrangères. L’absence de ces guides de la pensée se fait sentir par un certain défaut de sûreté dans la marche et de maturité dans la conception, par l’incohérence de certaines doctrines, par le caractère absolu de certaines vues, bref, par le manque de je ne sais quoi d’achevé et de définitif. Qu’on laisse de côté le génie philosophique et constructeur de Schleiermacher (Vinet n’y avait point de prétention), et qu’on compare ensuite les deux penseurs, et l’on comprendra ce que nous avons voulu dire.

Nous sommes tombé dans l’inconvénient de toutes les critiques. Le respect dû à Vinet, la conscience même de notre admiration pour lui, nous ont commandé de signaler les taches qui déparent ses Discours, et nous risquons peut-être d’avoir donné trop d’importance à de si légers défauts. S’il en était ainsi, Vinet serait suffisamment vengé par des suffrages qui rendent les nôtres fort superflus. C’est dans ses Discours surtout que le public protestant le cherche, l’aime et l’admire. C’est là que des appréciateurs délicats se plaisent à reconnaître un genre nouveau de

    natif ce que Paul disait de sa qualité de citoyen romain : « Et moi ce que je suis, je le suis par ma naissance. » Des rapprochements de ce genre constituent un véritable jeu d’esprit et nuisent à la sévérité et à la sobriété du stvle.