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guisent un peu la physionomie première, enrichi de morceaux qui en dérangent l’économie originale, partagé en deux parties, dont la seconde, composée des discours d’application pratique, est devenue la plus considérable[1], portant enfin quelques traces du mécontentement que semble avoir laissé à Vinet la méthode qu’il avait suivie[2].

Le premier recueil ne se distingue pas moins des suivants par le style que par le point de vue théologique. Et, à ce propos, nous ferons remarquer que la prédication de Vinet était, à certains égards, supérieure à ses discours écrits. Après bien des efforts pour apprendre ses sermons, et malgré des principes très arrêtés sur ce sujet, Vinet, par suite de l’état de sa santé et du peu de souplesse de sa mémoire, avait été obligé de recourir à l’improvisation. On comprend que ce mot ne doit point se prendre ici à la lettre ; Vinet élaborait ses pensées avec soin, il en déterminait soigneusement la marche dans des notes, et la forme seule, le détail de l’expression était laissé à l’inspiration du moment. Quoi qu’il en soit, cette forme était singulièrement distinguée, et le sérieux d’intention de Vinet prêtait à sa parole improvisée une émotion et une gravité pénétrantes. Mais ces discours se modifiaient sensiblement lorsque le prédicateur, après les

  1. Cette division est indiquée au commencement du discours sur la Nécessité de devenir enfants, discours inséré dans la seconde édition.
  2. Ces regrets percent au commencement du discours que nous venons de citer, et dans les premiers mots de la préface de la quatrième édition. « J’ai corrigé ces discours, dit l’auteur, puisque je ne pouvais les refaire. »