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il y en a plusieurs. Que dire, par exemple, de la périphrase suivante :

Qui ne t’aime, ô Dieu fidèle !
Foule d’un pied révolté
La loi sainte et paternelle
De la céleste cité.

Voici qui n’est assurément pas meilleur :

Tout m’était doux, facile, aimable,
Car tout ce qu’à mon cœur gagné
Demandait ta loi respectable,
D’avance je l’avais donné.

Combien, au contraire, sont belles d’accent et de caractère quelques-unes des stances du cantique : Sous ton voile d’ignominie ! Mais la plus remarquable des productions poétiques de l’auteur est le morceau qu’il a composé à l’occasion de l’un des événements douloureux de sa vie. En 1838, il avait perdu sa fille. Les strophes que lui ont inspirées sa douleur et sa soumission ont encore quelque chose de trop ingénieux peut-être ; mais le sentiment y est vrai, et le ton en est pur et pénétrant. Que l’on compare ces vers avec l’élégie qu’un deuil semblable a inspirée à Lamartine, et l’on sera frappé, nous le croyons, de la supériorité réelle que la foi a donnée au poëte chrétien en contenant sa douleur et en lui en révélant le vrai sens, le vrai but[1].

Vinet s’est chargé du compte-rendu des Chants chrétiens dans le Semeur, et, profitant du voile d’un double

  1. Mme  C. Olivier a recueilli ce morceau dans le volume intitulé : Poésie chrétienne ; Lausanne, 1839.