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l’abus du nom de Dieu et les exclamations inconsidérées dont beaucoup de personnes se font une habitude dans la conversation[1]. En 1830, il imprima deux sermons sur L’intolérance et la tolérance de l’Evangile[2], dans lesquels on distingue sans peine la trace des préoccupations qu’éveillaient dans son esprit, soit les tendances persécutrices de l’incrédulité et l’étroitesse du réveil, soit le caractère relatif de la vérité dans le monde et la nullité de la foi d’autorité. L’année suivante parut sous le simple titre de Discours, un volume de sermons qui avaient été prêches dans l’Eglise française de Bâle. Ce titre, n’avait pas été choisi par Vinet qui le trouvait prétentieux et qui rétablit, dès la seconde édition, le complément qu’une inadvertance avait fait supprimer. Quoi qu’il en soit, ces discours excitèrent vivement l’attention du protestantisme français. Depuis il en est arrivé de l’ouvrage comme de tous ceux qui agissent sur les esprits ; les idées qu’ils servent à propager deviennent bientôt familières, quelquefois banales, et font oublier ce qu’il y avait d’originalité et de hardiesse dans la parole qui les a d’abord annoncées.

Vinet ne contribua pas moins à enrichir notre littérature d’édification pendant la période de son professorat à Lausanne. Il publia en 1841, sous le titre de

  1. Réimprimé par la Société des traités religieux de Paris, n° 31 de ses publications, et inséré depuis dans les Méditations évangéliques de Vinet.
  2. Ces deux sermons parurent d abord sans nom d’auteur. Ils ont été réunis aux Discours sur quelques sujets religieux, à partir de la seconde édition de ce recueil.