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seraient mieux à leur place dans un traité directement et entièrement consacré aux rapports de l'Église avec l’État, que dans un ouvrage dont l’idée principale est tout autre ; ce n’est plus un prolongement de la ligne, une conséquence des principes posés, c’est un appendice.

Quoi qu’il en soit, nous sommes maintenant en possession des deux idées principales qui constituent la signification et l’importance du livre. La première, c’est l'individualisme, c’est-à-dire l’accent mis sur la conscience individuelle, sur le moi, en opposition aux doctrines et aux tendances modernes qui menacent de toutes parts ce sanctuaire sacré de l’humanité dans l’homme. La seconde, c’est l’appel adressé aux convictions, c’est la prédication de la sincérité et de la franchise, c’est la convocation de toutes les opinions consciencieuses sur le champ de bataille de la discussion. Ces deux idées n’en font qu’une, car l’individualité ne peut subsister qu’à la condition de s’exprimer, et la manifestation des convictions a du prix surtout comme tendant à former et à tremper cette individualité dans l’éveil de laquelle Vinet voyait la protection de la société contre le socialisme et de la religion contre le panthéisme. Toutes deux peuvent être considérées comme l’expression des plus profondes convictions de l’auteur. Nous le retrouverons bientôt occupé à leur donner une forme plus nette encore et à convier encore plus directement l’individualisme à la lutte contre les systèmes hostiles. Mais c’est par ces côtés aussi que son livre parut dangereux même à des cœurs chrétiens. On méconnut l’en-