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l’État, la nécessité de son origine et la nature des éléments dont il se compose, trouvent leur contre-partie dans la définition de l’Église, telle que Vinet l’a donnée ou plutôt indiquée. On pourrait, en effet, objecter à sa notion de l’État que l’Église est une communauté de croyants et, par suite, de consciences. Il est vrai ; mais voici la différence : la société s’impose et on en fait partie malgré soi, par la naissance, tandis que l’Église se propose et qu’on y entre par l’adhésion ; l’une est nécessaire, l’autre est libre. C’est pourquoi la conscience individuelle peut entrer comme élément dans l’Église, tandis qu’elle ne peut entrer dans l’État ; le propre de la conscience, c’est la liberté ; entrer librement dans une association libre, ce n’est donc plus pour elle abdiquer, c’est-à-dire se suicider ; c’est plutôt se constater, s’affirmer, se proclamer. L’individualité est la condition même de l’Église, et l’Église n’est une société religieuse qu’autant que l’adhésion est spontanée, la séparation toujours possible, la contrainte toujours impossible.

Ici se termine la partie positive de cette discussion et le développement légitime des principes sur lesquels Vinet a établi le devoir de la manifestation des convictions. Toutefois nous ne sommes encore qu’à la moitié du volume ; l’autre moitié est consacrée à l’examen des objections théoriques et pratiques élevées contre le système de la séparation, et à la critique des systèmes de transition et de transaction, tel, en particulier, que le salaire des cultes. Il faut avouer que ces chapitres, qui complètent la seconde partie du livre,