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courager, en d’autres termes, de lui donner des garanties. Or, la protection et la persécution, qui sont impliquées dans le système de l’union, font précisément le contraire ; elles tendent à entraver, à décourager la manifestation des croyances. La vraie garantie du principe, du devoir dont il s’agit, c’est encore la séparation.

C’est ainsi qu’en peu de pages l’auteur a tiré les conséquences de son principe et justifié le titre de son livre. Il semble même que le livre aurait pu se terminer là, si la seconde partie ne devait être que le corollaire de la première. Toutefois, Vinet élargit ici son horizon, et, sans abandonner encore le terrain du devoir de la manifestation, il y rattache une proposition d’une portée beaucoup plus vaste que les conséquences des privilèges politiques accordés aux cultes.

Le système de l’union, remarque Vinet, n’est pas seulement opposé à la manifestation des convictions comme impliquant protection et persécution ; il y a dans ce système quelque chose de plus général encore, de plus fondamental : la protection et la persécution ne sont que les conséquences d’un principe, et ce principe, c’est que la société peut et, par conséquent, doit avoir une religion. Telle est l’idée qui se trouve au fond de tout rapport établi entre la religion et la société civile. Or, la conséquence en est la négation du droit de la croyance individuelle : si la société a une religion, l’individu ne peut en avoir.

On voit de quelle manière ce nouvel argument est