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jours ses paroles et ses actions ? » La question semblait réduite à des termes un peu étroits, à une proposition dont l’évidence même rendait tout développement impossible ou superflu. M. Stapfer, chargé de rédiger le programme, sut élargir le cadre en indiquant la distinction entre le principe lui-même et ses applications sociales, et en signalant, parmi ces dernières, l’abstention du gouvernement dans les matières de religion[1]. Toutefois, le concours languit pendant plusieurs années ; les mémoires envoyés ne furent point jugés dignes du prix, et la question allait être retirée, lorsqu’en 1839, le rapporteur signala un grand succès et annonça qu’un travail dû à Vinet avait été couronné. Ce travail avait sans doute été composé à la hâte ; l’auteur, si consciencieux, si difficile envers lui-même, si pénétré en même temps de la solennité du débat dont son livre devait donner le signal, se remit à l’œuvre. Ce remaniement fut laborieux ; peut-être l’ouvrage perdit-il en sève et en fraîcheur ce qu’il gagna en devenant plus méthodique et plus complet ; il parut enfin, en 1842, sous ce titre : Essai sur la manifestation des convictions religieuses et sur la séparation de l’Église et de l’État, envisagée comme conséquence nécessaire et comme garantie du principe.

Ce titre indique le plan de l’auteur. L’ouvrage se divise en deux parties, dont la première est un beau traité de morale sur le devoir pour chacun d’exprimer ses convictions, spécialement ses convictions

  1. Voy. le Semeur, 1833, p. 279.