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logique qui demandait la moditication de l’Église du pays dans le sens du nouveau principe politique, et qui ne pouvait permettre à une institution nationale de conserver une foi devenue étrangère à la masse de la nation. La commission du Grand-Conseil amenda donc le projet en supprimant la mention du symbole, ce qui fut adopté par l’Assemblée elle-même, à 68 voix contre 56. L’ensemble de la loi réunit, en second débat, 93 voix contre 25 ; il fut adopté le 10 décembre.

Ces discussions sortaient de la question spéciale que Vinet avait traitée dans ses écrits précédents ; il n’y prit pas moins de part pour cela. Il pensait que le Grand-Conseil avait outre-passé ses attributions dans la décision relative à la Confession de foi helvétique, et il écrivit une lettre à l’Assemblée pour l’engager à revenir en second débat sur cette question[1]. Mais auparavant déjà et lorsque la question était encore pendante, Binet avait exprimé son sentiment sur le fond même du débat, dans deux articles de la Revue suisse[2]. La position de Vinet en cette affaire est très digne d’attention. Le terrain sur lequel il se place est celui de la vérité relative. Tout en réservant les idées qu’il avait précédemment émises sur le vice de l’institution qui associe l’Église à l’État, il accepte le fait, à savoir l’existence de l’Église nationale. Il ne défend point le

  1. Le Grand-Conseil entendit la lecture de cette lettre dans sa séance du 5 décembre.
  2. Année 1839, p. 26 et 112 (cahiers de janvier et de février). Ces articles ne sont pas signés.