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leur côté, rappeler au pays natal celui qui en était la plus brillante illustration, et, lorsqu’en 1837, la chaire de théologie pratique devint vacante dans l’académie de Lausanne, par la retraite accordée au professeur Leresche, le Conseil d’État nomma Vinet pour le remplacer. Vinet obéit à ce qu’il regardait comme un devoir ; mais il ne quitta Bâle qu’avec déchirement, et ses pensées se sont bien souvent reportées avec regret vers les années qu’il y avait passées.

L’installation de Vinet dans ses nouvelles fonctions eut lieu le 1er  novembre 1837. Dispensé des épreuves d’usage par l’éclat même de ses titres, il n’en éprouva que davantage le besoin de faire connaître ses pensées sur l’enseignement qu’il allait donner et sans doute aussi les vues par lesquelles il pouvait différer du public religieux qui l’accueillait. C’est ce qu’il fit dans son discours d’installation. Examinant quelle avait été l’influence du réveil sur la prédication et quelle devait être l’influence de la prédication sur le réveil, Vinet détermina sa propre position à l’égard de ce mouvement, position toute de sympathie, mais d’une sympathie qui n’excluait pas la critique. Ainsi l’orateur insinuait que l’improvisation avait tourné à l’abus, que le sermon moderne se contentait trop facilement de coudre des passages les uns au bout des autres, et que l’individualité manquait à la chaire. Passant ensuite de la forme au fond, il demandait que le prédicateur reconnût plus franchement la parfaite humanité du christianisme, qu’il ne craignît pas de mettre en saillie le côté rationnel de l’Évangile, et