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il s’afflige de voir les défenseurs de l’Église nationale repousser l’idée de la liberté dans les choses de la conscience, de la foi, de la religion, là où la liberté est surtout nécessaire, là où la liberté est la condition de tout.

Cependant la commission constituante poursuivait ses travaux. Dans sa séance du 4 mars elle avait discuté un article par lequel son comité de rédaction lui proposait de déclarer, 1° que l’Église nationale évangélique réformée serait maintenue et garantie dans son intégrité ; 2° que la loi réglerait les rapports de l’Église avec l’État ; 3° que l’Église nationale serait indépendante du pouvoir civil, en matière de doctrine religieuse exclusivement. La commission avait adopté les deux premières clauses, et rejeté la troisième. Vinet, dans un travail inséré au Nouvelliste[1], signala le vice du texte adopté et surtout la gravité de la suppression de la dernière clause. Il compléta cette discussion dans une autre feuille en examinant une objection : « Pour reconnaître une Église, l’État doit la connaître, et si elle change de doctrine, elle n’est plus la même que l’État a connue et a adoptée[2]. »

A la fin des articles du Nouvelliste, Vinet revenait avec une nouvelle force à sa doctrine de l’inaliénabilité de la conscience. « C’est, dit-il, le principe vital de toute religion, c’est le refuge de l’individualité qui, sans cela, s’absorberait trop aisément dans l’unité

  1. Numéros des 8, 12 (et supplément) et 16 avril.
  2. Discussion publique, numéros du 15 mai et du 1er  juin.