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le vœu que l’Église nationale fût maintenue, mais se déclara en même temps pour le principe de la pleine liberté des cultes. Une multitude de pétitions relatives à ces questions se croisèrent dans tous les sens sur le bureau de la constituante et sur celui de la commission. Enfin les opinions en présence eurent des organes réguliers dans la presse : la Discussion publique, dirigée par M. Louis Burnier, ouvrit ses colonnes à tous les amis de la liberté religieuse, sans proposer d’ailleurs d’autre programme que cette liberté ; l’Ami de l’Église nationale entra peu après dans la lice en faveur, non pas précisément de l’intolérance, mais bien du privilège et du statu quo.

Voyons maintenant quelle part prit Vinet à ce grand mouvement des esprits dans son canton natal. Domicilié à Bâle, on peut croire qu’il n’en vivait pas moins à Lausanne. Dès le 3 janvier 1831 il répond à la nouvelle de la révolution en saluant la liberté, mais en expliquant quelle est la liberté qui reçoit ainsi son hommage. C’est qu’il en est deux ou, si l’on veut, c’est qu’il est deux manières de vouloir la liberté ; ou la veut comme un intérêt ou comme un principe. Le vrai libéral est celui qui réclame la liberté pour le plus grand bien de la société, et qui croit servir la société en faisant une aussi large part que possible à l’individualité. Il veut la société, l’union, l’harmonie, et c’est pour cela qu’il veut la liberté. Elle est pour lui un moyen de perfectionnement. Elle n’est un bien que lorsqu’elle est unie à la modération et