Page:Scherer - Alexandre Vinet, 1853.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 48 —

timent prononcé contre les constitutions de 1814. Ici encore le Conseil d’État vaudois crut pouvoir se contenter d’une demi-concession. Il convoqua le Grand Conseil pour l’abrogation de la loi transitoire. C’était doublement méconnaître l’opinion publique. Elle ne réclamait pas seulement des changements beaucoup plus fondamentaux que cette abrogation, elle se refusait en même temps à confier aux pouvoirs existants le soin d’opérer les changements qu’elle réclamait. Aussi le Grand-Conseil n’était-il assemblé que depuis trois ou quatre jours lorsque éclata la révolution du 18 décembre. En présence d’une manifestation populaire très tumultueuse, le Grand Conseil décréta la Constituante, et abdiqua dès les premiers jours de janvier 1831, après avoir pourvu à l’élection de la nouvelle assemblée. Celle-ci se réunit le 7 février, nomma une commission constituante chargée d’élaborer un projet, et acheva ses travaux le 26 mai. Les discussions de la commission ayant été publiées, les sujets débattus passèrent à deux reprises sous les yeux du public. La question qui le passionna le plus peut-être fut celle de la liberté religieuse. Depuis plusieurs années, en effet, cette question était devenue comme le champ clos des partis et le terrain de leurs luttes. L’aversion pour ceux que l’on appelait les sectaires se couvrit de la profession d’attachement à l’Église nationale ; on fit à celle-ci l’injure de la considérer comme un boulevard contre un zèle importun ; de leur côté, les amis de la liberté ne restèrent pas oisifs ; une assemblée considérable de pasteurs, réunie à Lausanne le 20 janvier, exprima