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de l’Église et de l’État. Il y revient ici à deux reprises (p. 81 et 88, en note), et d’un ton parfaitement convaincu. On sent qu’il a traversé la question et que désormais son parti est pris.

Nous avons dit que l’ouvrage perd de son prix pour le lecteur actuel, par suite du ton de polémique directe et de réfutation suivie que le but même de la publication avait imposé à l’auteur. Vinet paraît avoir en lui-même quelque regret de s’être laissé enfermer dans cette forme. C’est ce qui résulte d’un écrit anonyme qui suivit presque aussitôt l’Essai[1] et dans lequel, sous prétexte de critiquer ce dernier ouvrage, il présentait de nouvelles considérations en faveur de la liberté religieuse et de son exercice dans le canton de Vaud. L’auteur, disait-il, aurait pu, par exemple, discuter le droit de l’Église nationale à une protection exclusive et au monopole des consciences ; il aurait pu invoquer l’histoire, il aurait pu rappeler que les persécutés sont les enfants d’une même patrie, et qu’ils ne la troublent en rien si ce n’est par le spectacle de leur vertu ; il aurait pu enfin en appeler aux magistrats et aux maximes du gouvernement. En même temps Vinet trouva piquant de profiter du voile pour relever lui-même les défauts qu’il reprochait à son Essai. Disproportion entre le titre et le sujet, traits d’ironie, dialectique trop formelle, trop peu nourrie d’observations et d’idées, tels sont les défauts qu’il

  1. Observations sur l’Essai sur la conscience et sur la liberté religieuse, de M. A. Vinet. Genève 1829 ; 12 pages in-8o.