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stitution vaudoise et de son application aux dissidents. Vinet montre que ces derniers appartiennent à la religion évangélique réformée, et, retournant les armes contre l’Église nationale, il insinue que celle-ci pourrait bien se trouver à une plus grande distance que les séparatistes eux-mêmes des documents qui servent de base à la religion officielle du canton, la Confession de foi helvétique et les Ordonnances ecclésiastiques.

Le lecteur des écrits de Vinet ne lira pas sans doute celui-ci sans s’arrêter un moment à la phrase suivante. Il est question de l’abandon que l’homme fait à l’état social d’une partie de sa liberté. Cet abandon porte sur la faculté de faire certaines choses qui pourraient flatter nos penchants naturels ou accroître notre somme de bien-être. « Voilà, poursuit l’auteur, ce que nous sacrifions à l’état social, voilà les restrictions qu’il apporte à notre liberté naturelle ; et, certes, nous avons le droit de les accorder. Mais nous ne pouvons point lui faire le sacrifice de notre conscience, parce que nous sommes par rapport à elle dans une tout autre position que par rapport aux biens de la terre. Ces biens nous appartiennent, mais nous appartenons à notre conscience ; c’est à nous de disposer de nos biens, c’est à la conscience à disposer de nous. » Tout l’Essai sur la manifestation des convictions est contenu en germe dans ces paroles.

Au reste, l’Essai sur la conscience est remarquable sous un autre rapport. Vinet, dans une phrase de son Mémoire sur la liberté des cultes, s’était déjà prononcé, mais en passant, pour la séparation absolue