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à cette idée, tout tourne sur ce point. « J’avais dit, dans ma brochure, qu’il ne faut point obéir à une loi qui oblige de faire ce que la conscience condamne. C’est à ce principe que le rapport en veut surtout. Il s’indigne que les lois soient soumises au contrôle de la conscience de chaque individu. C’est, selon l’auteur, mettre l’individu au-dessus de la société et la détruire. » Nous connaissons déjà les convictions de Vinet à cet égard ; elles datent de loin ; il les a partout exprimées ; mais ici il éprouve le besoin de traiter le sujet d’une manière plus directe. Il définit la conscience : c’est un fait primitif de notre nature, un sentiment inexplicable, celui de la nécessité de mettre nos actions en harmonie avec notre persuasion. Cette conscience est toujours individuelle ; elle est pour l’homme la première des lois ou plutôt la seule loi véritable ; elle est la base de la morale ; partout où elle paraît, elle veut paraître en souveraine. L’écrivain réfute ensuite les objections tirées de ce que la conscience n’est pas infaillible et de ce que ses prescriptions ne sont pas uniformes. Il répète, sur ce sujet, les considérations déjà présentées dans les Nouvelles observations. D’ailleurs, dit-il, si vous ne voulez point de la conscience, que vous reste-t-il pour gouverner les peuples ? L’intérêt et la peur.

Cette dissertation ouvre la seconde partie de l’Essai, Elle est suivie d’un morceau sur la liberté des cultes, dans lequel Vinet oppose les principes de son Mémoire aux principes du Conseil d’État. Une troisième section est employée à l’examen de l’art. 36 de la Con-