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d’État se hâta de sévir. Un arrêté du 24 avril suspendait provisoirement M. Monnard de ses fonctions de professeur, comme s’étant mis dans un état de prévention qui altérait la confiance du gouvernement. C’était préjuger ce qui était en question, à savoir si M. Monnard était véritablement éditeur ; c’était, en outre, appliquer une peine avant la sentence des tribunaux.

En même temps, le ministère public avait reçu l’ordre de poursuivre M. Monnard devant les tribunaux. A peine Vinet l’eut-il appris qu’il écrivit, le 30 avril, au Petit-Conseil de Bâle pour exposer l’affaire, déclarer qu’il était à la fois l’auteur et l’éditeur de la brochure incriminée, et prier le Conseil bâlois de s’entremettre auprès du gouvernement vaudois, afin d’obtenir l’examen juridique de sa conduite et sa mise en jugement. Ce n’est pas tout : il partit pour Lausanne et y arriva le 8 mai, le jour même où son affaire fut appelée devant le tribunal de première instance du district de Lausanne. Il ne s’agissait point du fond, mais seulement de la mise en accusation. L’accusateur public alléguait une double contravention à la loi sur la liberté de la presse, la brochure renfermant une provocation à la révolte et n’ayant point été préalablement soumise à la censure, condition imposée à tout auteur non domicilié dans le canton. Le tribunal pensa que, si les passages cités par la partie publique renfermaient une doctrine hardie et qui pouvait paraître dangereuse, on n’y voyait cependant pas la provocation directe faite à quelqu’un de commettre un