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La loi du 20 mai fit des martyrs et vint s’émousser contre le sentiment du devoir religieux et contre les difficultés de l’exécution. Il y eut néanmoins recrudescence de persécution en 1829. Les églises dissidentes avaient chargé un évangéliste de visiter une partie du canton. Sa présence à Payerne, au mois de janvier, y devint une occasion de tumulte et de violence. Les partis politiques qui se trouvaient aux prises dans le canton de Vaud s’occupèrent de l’incident : les libéraux, par l’organe du Nouvelliste vaudois, pour blâmer un acte d’intolérance ; le parti du pouvoir, par l’organe de la Gazette de Lausanne, pour chercher dans les passions de la foule un point d’appui contre la popularité que l’opposition avait su conquérir à d’autres égards. Il s’agissait d’exploiter l’intolérance du peuple contre une opinion jusque-là soutenue par la faveur publique ; il s’agissait de faire arme contre le libéralisme de ce courage qui lui avait fait mettre la justice au-dessus des intérêts de parti.

Tel était le but de deux articles de la Gazette, insérés dans les numéros du 27 février et du 13 mars ; le dernier avait été provoqué par une réplique du Nouvelliste. « Il n’y a pas de vraie liberté, proclamait le rédacteur éclairé de ce journal, sans support pour toutes les convictions et sans un respect inviolable pour

    les dispositions prohibitives de l’arrêté, mais elle y ajoutait la sanction d’une pénalité rigoureuse, amende, confination dans une commune, prison et bannissement. M. le baron Auguste de Staël a éloquemment flétri ces mesures dans les Archives du Christianisme de 1824 et 1825.