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science est une de ces propriétés dont l’individu ne doit compte ni sacrifice à personne ; que le pouvoir établi au nom de la société ne peut intervenir dans les rapports de l’individu avec la divinité ; enfin, que les deux attributs de croyant et de citoyen peuvent bien avoir un contact dans la conscience de chaque homme, mais qu’ils n’en sauraient avoir aucun dans l’institution politique. »

D’après cela, la tâche se détermine d’elle-même. Elle consiste à « mesurer les droits de la société civile et par là les attributs du pouvoir qui la représente ; à fixer les limites mutuelles de la société et de la conscience, et à les arrêter pour ainsi dire en face l’une de l’autre ; en un mot, à réclamer pour la conscience des lois positives qui la mettent à l’abri de toute contrainte. » Et plus loin : « La liberté religieuse, comme droit, ne peut exister qu’au moyen de limites précises, qui la défendent contre la société, et la société contre elle. J’ai dû chercher ces limites communes. Où pouvais-je les trouver ? Dans le principe et le droit de propre conservation, inhérent à la société. Tout ce qui lui est indispensable pour exister doit être respecté ; et elle doit respecter à son tour toutes les propriétés dont le sacrifice n’est pas nécessaire à sa conservation. »

Ces derniers mots résument la réponse de Vinet à la difficulté qui lui avait été présentée ou, pour mieux dire, à la difficulté qu’il avait démêlée derrière les objections de son critique. Vinet croyait que la société repose sur la nécessité, que le droit social est l’expression des rap-