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Nous voici donc déjà en présence des rapports de l’État avec l’Église. L’auteur, en effet, ne s’est point dissimulé cette portée de la question qu’il abordait. Dès le commencement, il a eu soin de nous dire que la thèse de la liberté des cultes diffère de la thèse de la tolérance précisément en ceci, qu’elle appartient au droit public, c’est-à-dire à la théorie des relations qui existent entre l’État et les citoyens.

C’est dans la seconde partie qu’il aborde ce sujet. Sous le titre de Système, Vinet cherche de quelle manière le principe posé, celui de la liberté des cultes, pourra se réaliser dans la société ; il se demande quel est le vrai système des rapports de la société civile avec la société religieuse, c’est-à-dire quel est celui qui consacre et sauvegarde cette liberté. On retrouve ici les vices du plan, car l’auteur est amené à définir le but de la société religieuse et de la société civile, et par là il retombe inévitablement dans ce chapitre de la première partie où il a déjà été question de la nature de la religion et de celle de l’État.

La société civile est née de la nécessité ; c’est la nécessité qui la conserve ; les avantages moraux qu’elle procure sont une de ses conséquences, mais ne sont pas son but. La participation de chacun à la société n’est pas plus un fait libre et individuel que la formation de la société elle-même. Le gouvernement, qui est « le moyen de la société, » est en même temps son représentant et ne repose pas plus qu’elle sur des idées morales. L’État, comme personne collective, n’a point de religion et ne saurait en avoir.