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mais ne portez pas les autres à changer. Comme si cela était possible ! Comme si cela était légitime ! Comme si la vérité nous appartenait ! N’est-elle pas un dépôt dont nous sommes responsables devant Dieu et devant l’humanité ? » Et ailleurs : « Quand nous aurions un meilleur fondement que nos opinions personnelles et l’opinion vulgaire pour refuser notre adhésion aux opinions nouvelles, quand l’examen et le raisonnement nous convaincraient de leur fausseté, encore devons-nous les respecter, c’est-à-dire leur maintenir le droit de se produire librement ; encore devons-nous des égards à ceux qui les professent. » Ailleurs enfin : « Nous ne devons aucun respect aux erreurs, mais nous devons du respect à toute croyance sincère. Ce respect ne consiste point à la laisser se répandre sans obstacle ; on peut la respecter même en l’attaquant. Combattez, renversez l’erreur ; mais honorez la sincérité. » Vinet n’a jamais mis la sincérité au-dessus de la vérité ; mais il a toujours considéré l’une comme la condition humaine de l’autre.

Nous venons de voir Vinet débuter comme écrivain religieux et comme publiciste. Il semble que ces années 1823 et 1824 dussent marquer pour lui le commencement en toutes choses. C’est alors, en effet, qu’il débuta aussi dans la critique littéraire. Au milieu des luttes politiques et religieuses du canton de Vaud, le parti libéral éprouva bientôt le besoin d’opposer une voix à la Gazette de Lausanne, organe du parti qui se trouvait aux affaires. Le Nouvelliste vaudois fut créé,