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Quelques années après, parlant de ses convictions en matière de liberté religieuse, Vinet les faisait remonter à 1825 environ, déclarant qu’elles étaient à peine en germe dans son esprit lorsqu’il publia la brochure sur le Respect des opinions[1]. Il voulait sans doute parler de la possession consciente des convictions dont il s’agit ; mais en 1824 il en avait déjà plus que le germe : il en avait les éléments, la substance. Il n’est pas un lecteur de la brochure qui n’y reconnaisse, en effet, tous les principes fécondés et développés dans les ouvrages postérieurs de l’auteur. Le Respect des opinions est au Mémoire sur la liberté des cultes et à l’Essai sur la manifestation des convictions ce que la Lettre à la Société de la morale chrétienne est aux Discours religieux. Vinet distingue déjà le caractère absolu et le caractère relatif de la vérité, c’est-à-dire ce qu’elle est quant à Dieu et ce qu’elle est pour les hommes, distinction capitale et qui détermine à elle seule tout le point de vue. C’est ainsi qu’au sujet des différences sur l’interprétation de l’Écriture : « Ces divergences inévitables, dit-il. Dieu les jugera dans leurs principes ou dans leurs motifs ; pour les hommes, ce sont des opinions, et, comme telles, elles ne peuvent être imposées, elles doivent être librement professées, elles doivent être respectées. » Il est revenu à diverses reprises, par la suite, sur cette inévidence de certaines vérités qu’il a déjà proclamée dans sa première brochure. « Peut-on im-

  1. Voy. Revue suisse, 1847, p. 766.