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révèle toute l’étendue de l’amour que Dieu lui-même a pour les hommes ; c’est que lui seul révèle ce grand mystère de piété d’un Dieu manifesté en chair, d’un Dieu crucifié, mourant pour le salut de l’humanité. Il suffit d’avoir indiqué cette grande idée de la rédemption ; quiconque n’a pas compris que cette idée conduit à un amour vif et tendre de Dieu, ne comprendra jamais rien au christianisme. » Voici enfin comment l’auteur conclut : « Ne présentez pas au peuple une morale fondée sur de simples raisonnements, sur une abstraction ; donnez-lui une morale appuyée sur des faits. C’est là ce qu’il lui faut ; vous le savez si vous connaissez le peuple. Il le savait encore mieux que vous, ce Dieu de bonté qui connaît parfaitement tout ce qui est dans l’homme ; il nous donna, dans sa sagesse, une religion tout historique, parce que s’il y a dans la masse d’un peuple un petit nombre d’individus accessibles à des raisonnements abstraits, avec l’immense majorité il faut raisonner par des faits. Produisez-les donc ces faits merveilleux et adorables de l’Évangile ; nommez ces mystères de puissance et d’amour ; et rattachez à cette chaîne d’or tous vos préceptes, toutes vos instructions. »

Nous avons multiplié ces extraits pour deux raisons. Ils font date, ce nous semble, dans la vie religieuse de Vinet ; on le sent à la manière dont il accentue déjà la divinité de Jésus-Christ, la rédemption. Mais ils font date aussi quant à ses vues {générales sur le christianisme ; on y retrouve l’essence de sa morale et de son apologétique, telles qu’il les a développées plus tard ;