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vain n’entrait point en controverse avec M. Mahul, il communiquait ses propres réflexions sur la question traitée par ce dernier, et insistait sur la connexion essentielle du dogme et de la morale, comme sur le trait caractéristique du christianisme. Cette connexion n’est pas seulement dans la force que la morale chrétienne tire de son autorité divine, dans le rapport entre la loi et sa sanction, elle est surtout dans l’efficace religieuse des dogmes eux-mêmes. « La religion chrétienne, écrivait Vinet, est toute d’une pièce ; que cette expression me soit permise. Elle ne présente pas sur deux lignes parallèles et distinctes des dogmes d’une part, et des devoirs de l’autre. Elle ne laisse pas libre de s’attacher aux seconds et de négliger les premiers. Un lien spirituel et sensible réunit les uns avec les autres d’une manière inséparable, en sorte qu’il est également impossible de croire sans pratiquer, et de pratiquer sans croire. »…« Il n’aurait pas dépendu des apôtres, il n’aurait pas dépendu même de Jésus-Christ, considéré comme docteur, de donner à la morale cette physionomie particulière qui frappe tous les esprits ; ils ne le pouvaient qu’en vertu des dogmes qu’ils annonçaient ; ou, pour mieux dire, ces dogmes le faisaient à leur place, ces dogmes le faisaient d’eux-mêmes. »

Vinet cite ensuite des exemples, la résignation, l’humilité, le commerce habituel avec Dieu, enfin l’amour de Dieu. « Cet amour de Dieu, poursuit-il, principe de toute perfection morale, pourquoi se trouve-t-il dans le seul christianisme ? C’est que lui seul nous