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de ses doctrines en toutes choses. Il avait déjà sans doute avancé les mêmes opinions, mais il les avait présentées, selon l’occasion, tantôt sous un jour, tantôt sous un autre, tandis qu’ici il les prend à leur plus grande élévation et, pour ainsi dire, dans leur plus grande généralité.

Vinet, dans cet écrit, commence par prouver la différence et par suite la dualité entre l’homme et la société. Cette dualité, qui n’existe pas sans doute dans la société idéale et dans l’état d’innocence, est un produit de la chute. Elle se trahit par la nature même de l’État, qui suppose la contrainte, c’est-à-dire la dualité ; elle se trahit par cette autre condition de l’État, en vertu de laquelle il y a partout une majorité qui commande et une minorité qui se soumet : elle se manifeste surtout en ce que la vérité est distincte de l’État, et, par conséquent aussi, la conscience distincte de la loi ; enfin, le christianisme confirme et constate cette dualité, puisque la société correspond à l’espèce, c’est-à-dire à la chute, tandis que la restauration est individuelle : l’homme individuel, capable d’une seconde naissance, est donc revêtu d’une capacité que n’a point la société, et une différence aussi considérable atteste suffisamment que l’homme et la société sont deux.

Vinet jette ensuite un coup d’œil sur l’histoire du socialisme et de l’individualisme. Le premier est d’abord sacerdotal, puis politique ; il est consacré par le caractère national des religions antiques et ne trouve point d’adversaire véritable dans la philosophie