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écrivain n’a manifesté une catholicité plus véritable. Sa sympathie s’attache spontanément à tout ce qui est vrai et saint ; partout il se plaît à reconnaître les rayons dispersés ou brisés de la lumière divine ; il se sent gagné dès qu’il voit vibrer la fibre morale dans un cœur d’homme. Tel est le secret de son faible pour certains ouvrages, pour certains écrivains. On s’est quelquefois étonné de l’attrait qui le porte vers eux. On l’a accusé d’une espèce de naïveté. Ne s’est-il pas expliqué lui-même lorsqu’il parle ainsi de l’un de ces auteurs auxquels il pardonnait beaucoup. « On a reproché à Madame de Staël de la recherche et de l’effort ; mais en a-t-on démêlé le principe secret ? a-t-on remarqué que cette recherche est celle d’une intelligence altérée de vérité, avide de convaincre et d’être convaincue, et qui voudrait épuiser chaque idée ? a-t-on vu que cet effort est un effort de l’âme ? Or, tant de conscience m’attendrit au moins autant que beaucoup de sensibilité. » C’est ainsi que Vinet cherche toujours l’homme dans l’écrivain.

Ses répulsions s’expliquent de même. Quand son sentiment religieux est blessé, il exprime sa douleur sans détour. La légèreté profane, l’impiété le percent jusqu’à l’âme et l’on ne peut s’empêcher d’être touché d’un sérieux moral qui s’attriste si sincèrement à la vue des débordements de notre littérature.

On remarquera combien sont à la fois insinuants et vifs les traits par lesquels Vinet donne çà et là l’accent religieux à la discussion littéraire. Ainsi en parlant de