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sa légitimité et même sa nécessité, on ne peut se dissimuler que des travaux de cette espèce perdent un peu de leur attrait lorsque l’ouvrage qui leur a servi de thème n’est plus présent à l’esprit des lecteurs ou lorsqu’il a simplement perdu le charme de la nouveauté et l’intérêt de la curiosité. Sous ce rapport, des essais qui ne cherchent qu’un prétexte, et, pour ainsi dire, qu’un texte, dans l’annonce d’un livre nouveau, des esquisses biographiques qui embrassent l’ensemble des productions d’un auteur, se prêtent incontestablement mieux à former plus tard un volume propre à tenir sa place dans les bibliothèques. Au surplus, la rare excellence des appréciations littéraires de Vinet suffirait pour créer une exception en sa faveur, quand même les éditeurs n’auraient pas trouvé de nombreux précédents dans l’exemple des écrivains modernes de la France et de l’étranger.

On ne remarque pas sans étonnement la variété des matières que Vinet a traitées dans ses articles. Véritable polygraphe, tous les sujets semblent lui être familiers, la philosophie, l’histoire, la théologie, la politique, la linguistique, l’éloquence, la poésie. Non-seulement de grandes lectures et l’activité de son esprit lui fournissent sur tous ces sujets des pensées neuves et intéressantes, mais il regarde aussi comme un devoir de la critique religieuse de se mêler à tous les intérêts de la société, de pénétrer dans toutes les sphères de l’activité spirituelle, de justifier les principes évangéliques en en multipliant les applications. On peut dire que le besoin d’étendre ainsi