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articles que l’auteur n’a pas même signés de cette manière ; par exemple, çà et là des nouvelles et des réflexions politiques. D’autres fois, lorsqu’il s’aventurait sur un terrain où il se sentait étranger, il exprimait sa défiance de lui-même par un pseudonyme qui formait en même temps un rébus (K. V. O.). Ses articles étaient souvent un événement littéraire dans un cercle restreint, sans doute, mais choisi. « C’est un véritable diamant, disait M. Michelet de l’un de ces morceaux ; il ne se peut rien de plus pur. » M. Ballanche les goûtait fort et les introduisait quelquefois dans le cénacle littéraire de l’Abbaye-aux-Bois. M. Sainte-Beuve avait déjà révélé l’éminence du critique vaudois aux lecteurs de la Revue des Deux-Mondes, en plaçant le portrait de Vinet dans sa galerie des littérateurs modernes. Plusieurs de nos hommes de lettres les plus distingués ont su apprécier la double autorité du talent et du caractère qui distinguait les jugements de Vinet, et ont même lié avec lui des correspondances auxquelles il attachait un grand prix. Une ou deux lettres de Béranger n’étaient pas parmi les moins appréciées ; le critique se plaisait en particulier à citer un mot du chansonnier sur le divin bon sens du christianisme.

Vinet ne paraît pas avoir éprouvé le besoin de donner à ses articles une existence plus durable en les tirant des colonnes du journal auquel ils étaient primitivement destinés. Il n’en a réuni qu’un fort petit nombre dans les Essais de philosophie morale, qui ont paru en 1837. Ce titre indique qu’il a choisi les morceaux qui pouvaient se ramener à une même pensée et