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réflexions sur le catholicisme et le protestantisme, un jugement sur les Feuilles d’automne. Le Semeur a exercé une influence considérable sur l’activité de Vinet, en le provoquant sans cesse à exprimer des pensées pour lesquelles il avait sous la main un organe tout trouvé ; en particulier, en lui offrant l’occasion d’exercer cette critique littéraire que bien des personnes continueront à regarder comme son œuvre principale et sa vocation la plus décidée.

Nous restons encore dans le domaine de la littérature telle que l’entendait Vinet, en mentionnant le cours sur les moralistes français, qu’il fit à Bâle, dans l’hiver de 1833. On comprend le succès qui accompagna ce cours, lorsqu’on lit les fragments qu’en a publiés le Semeur. C’était quelque chose de tout nouveau que cette union du jugement littéraire le plus délicat et de la pensée morale la plus ingénieuse, formant ensemble la plus neuve des apologétiques. Parmi les nombreux regrets que nous laisse l’interruption des travaux de Vinet, l’un des plus vifs est l’impossibilité de retrouver aujourd’hui l’ensemble de ces mémorables leçons.

Le Semeur s’était formé peu à peu un public très attentif. A partir de 1841, le journal fut reconstitué, ses collaborateurs augmentèrent, sa rédaction générale fut plus soutenue ; en un mot, Vinet se trouva mieux entouré sur ce théâtre où les premiers rôles lui appartenaient de droit. C’est vers la môme époque que des initiales commencèrent à trahir un nom qui n’était un secret pour personne. Il est cependant quelques