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Cet ouvrage était destiné à l’enseignement de la langue française au gymnase de Bâle et reposait sur un principe auquel l’auteur attachait une extrême importance, nous voulons dire l’étude de la langue dans le concret et sur les textes, substituée à la méthode abstraite qui enseigne la grammaire comme une espèce de géométrie. Au reste, c’est à la seconde édition seulement que la Chrestomathie s’est enrichie de ces morceaux, sous forme de lettres, dans lesquels Vinet traite de l’enseignement de la langue maternelle, de l’histoire des langues et de l’étude de la littérature, et dans lesquels il a déposé le fruit de ses méditations sur un sujet favori. Le précis d’histoire de la littérature française, qui précède le troisième volume, a aussi été entièrement refondu dans la seconde édition. Ou sait en quels termes M. Sainte-Beuve a parlé de ce « morceau très plein et très achevé, véritable chef-d’œuvre littéraire de M. Vinet. C’est la lecture la plus nourrie, ajoute-t-il, la plus utile, la plus agréable même, aussi bien que la plus intense. »

Le Semeur commença en septembre 1831. Cette publication a tenu une grande place dans la vie de notre auteur. On peut dire que ce fut son journal, qu’il en détermina le caractère et en assura le succès, et que les collaborateurs distingués qui y ont travaillé à côté de lui ont toujours senti, reconnu et accepté cette domination du talent. Le premier volume du Semeur renferme déjà plusieurs de ces beaux articles que signait suffisamment la distinction de la pensée et du style ; on y remarque une critique de l’utilitarisme, des