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mut tellement qu’il fut obligé de quitter brusquement le salon ; quelqu’un le suivit et le trouva dans sa chambre encore baigné de larmes.

Vinet avait vingt ans lorsqu’il fut appelé à Bâle, en 1817, comme professeur de langue et de littérature françaises au gymnase de cette ville. Ce ne fut que deux ans plus tard qu’il revint à Lausanne passer ses examens de théologie et recevoir la consécration. Il se maria la même année (octobre 1819) avec sa cousine germaine, puis il alla reprendre ses fonctions à Bâle. Cette époque de sa vie fut extrêmement laborieuse. Il donnait jusqu’à trente-deux leçons par semaine, tant particulières que publiques, et de plus il prêchait souvent. Cette activité fut bientôt ralentie par un accident qui lui laissa une douloureuse infirmité pour le reste de ses jours. Il est à regretter que quelqu’un de ses élèves ou de ses amis de Bâle ne nous ait point donné une notice sur le séjour de vingt ans que fit Vinet dans cette ville. Il paraît qu’il eut beaucoup à y souffrir dans les premiers temps ; les préjugés teutoniques de ses collègues pesaient de tout leur poids sur le jeune professeur de littérature française. Cependant Vinet finit par surmonter ces difficultés à force de mérite et de douceur ; il sut se concilier le dévouement affectueux de ses élèves, et sa présence ne tarda pas à devenir pour Bâle le commencement d’une vie nouvelle.

La Suisse française était à cette époque le théâtre d’un mouvement religieux, dont Vinet a tout à la fois subi et modifié l’influence. Nous voulons parler