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Les cours du professeur n’étaient pas moins remarquables que les ouvrages de l’écrivain, mais ses leçons rédigées après coup ne peuvent donner l’idée de l’improvisation constamment neuve, abondante, ingénieuse dont Vinet avait le secret. Le plus sûr est de consulter les impressions de ses auditeurs. « L’enseignement de M. Vinet, nous dit l’un d’eux, demeure pour nous, dans sa forme et dans sa méthode, le type le plus élevé de l’enseignement. Libre de toute pédanterie, de tout formalisme scolastique, de toute raideur, il était vivant, spontané, autant que riche et travaillé pour le fond. C’était vraiment l’effusion de sa pensée et surtout de son âme dans la pensée et dans l’âme de ses disciples. Il était, avant tout, fécondant, créateur pour leur intelligence ; il inspirait autant qu’il apprenait. Aussi ne sortait-on jamais de ses leçons sans cette étincelle qu’allume dans le cœur une parole sympathique. »

Écoutons encore l’un des appréciateurs les plus compétents qu’on puisse nommer en matière littéraire. « Il y a neuf ans, raconte M. Sainte-Beuve, je revenais de Rome, — de Rome qui était encore ce qu’elle aurait dû toujours être pour rester dans nos imaginations la ville éternelle, la ville du monde catholique et des tombeaux. J’avais vu dans une splendeur inusitée cette Reine superbe : Saint-Pierre m’avait apparu avec un surcroît de baldaquins et d’or, avec de magnifiques tentures et des tableaux où figuraient les miracles d’un certain nombre de nouveaux saints qu’on venait de canoniser. J’avais admiré surtout,