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constamment attaché à ce fait comme au fondement même de la certitude religieuse. Tout son développement a été déterminé par une inébranlable conviction sur ce point. Il a pu douter de beaucoup de choses ; il n’a jamais douté que, si le christianisme est destiné à l’homme, il faut que l’homme puisse s’approprier le christianisme en vertu d’une affinité de ce qui est humain avec ce qui est divin. C’était dire que cette affinité elle-même est la preuve de la divinité de l’Évangile. C’était dire aussi, sans doute, que ce qui, dans un système religieux, ne présente point ce caractère d’affinité avec la conscience religieuse, ne saurait être divin. Mais Vinet a éludé ces applications négatives du principe. Quoi qu’il en soit, la direction qu’il a suivie est celle du spiritualisme chrétien, et c’est dans ce sens qu’il a poussé les esprits. On sait avec quelle ferveur il a plaidé la cause de l’individualité ; or, qu’est-ce que l’individualité, sinon le principe intérieur au moyen duquel l’individu s’assimile ce qui lui est homogène, repousse ce qui lui est étranger, et se développe ainsi dans le sens de sa nature propre. La tendance de la théologie moderne est éminemment subjective, et Vinet est l’écrivain qui, dans nos pays de langue française, a le plus contribué à lui imprimer ce caractère.