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En résumé, le principe du développement théologique de Vinet, c’est la conscience religieuse. Essayons de nous rendre compte d’un terme si souvent, mais si vaguement employé. Le centre de la personnalité humaine, c’est la conscience du moi. La conscience du moi, c’est le sentiment que nous avons de notre être, en tant que distinct de tout ce qui n’est pas lui. La conscience morale, c’est la conscience du moi en tant qu’elle est affectée par le sentiment de l’obligation. La conscience religieuse, c’est encore la conscience du moi, mais du moi dans ses rapports avec Dieu. Enfin, la conscience chrétienne n’est autre chose que la conscience religieuse modifiée par l’Évangile.

Si Vinet ne se sert pas du mot de conscience religieuse, le fait spirituel exprimé par ce mot n’en tient pas moins une grande place dans sa théologie. On doit môme dire qu’elle en forme le centre et, comme nous disions tout à l’heure, le principe. Vinet ne se lasse point de proclamer que nous avons une nature religieuse, c’est-à-dire un ensemble de sentiments, d’idées et de besoins auxquels s’adresse l’Évangile. L’harmonie de l’Évangile avec cette nature est, à ses yeux, la véritable preuve de la divinité de celui-ci, comme l’appel à cette nature est le seul moyen qu’ait le prédicateur d’entrer en rapport réel avec ses auditeurs. « Il s’en faut tant, dit Vinet, que la vérité évangélique soit sans contact avec notre nature, qu’au contraire elle correspond, elle s’unit intimement à tout ce que notre nature a de plus profond et de plus inaliénable. Elle y remplit un vide, elle en éclaircit les