Page:Scherer - Alexandre Vinet, 1853.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 115 —

tion et de la terminologie de saint Paul dans le quatrième chapitre de l’épitre aux Romains.

Le discours sur la Grâce et la Foi, dans les Études évangéliques, nous paraît avoir été dicté par le désir de prévenir encore plus complétement les objections, en précisant davantage les termes de la question et en faisant aussi équitablement que possible la part de la grâce ou de Dieu, et celle de l’homme ou de la foi. Mais Vinet n’en persiste pas moins à appeler cette dernière un acte moral. « La foi est un désir, la foi est un hommage, la foi est une promesse, la foi est presque un amour. » D’un autre côté, l’Étude intitulée Le Regard résume, développe et complète tout ce que Vinet a écrit sur ce sujet. Tandis qu’ailleurs l’auteur avait relevé l’élément moral de la foi, il en indique ici le caractère mystique, la nature tout ensemble simple et complexe. « Croire, c’est regarder ; c’est un regard attentif, sérieux et prolongé, un regard plus simple que celui de l’observation, un regard qui regarde et rien de plus : regard naïf, regard d’enfant, regard où toute l’âme se porte, regard de l’âme et non de l’esprit, et qui ne prétend pas décomposer son objet, mais le recevoir tout entier dans l’âme par les yeux. » Ce beau discours nous présente Vinet sous un nouveau jour. Chose singulière, c’est presque le seul de ses écrits qui soit proprement et directement religieux, le seul, voulons-nous dire, dans lequel, au lieu de prouver, d’instruire ou d’exhorter, il présente tout simplement Jésus-Christ à la contemplation. Et cependant là même l’analyse et la discussion tendent sans cesse à revenir.