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adoptée. C’est contre cette tendance antinomienne que Vinet s’élève eu rappelant la réalité, la substance indépendante de l’obligation. Il admet que la charité peut seule accomplir la justice ; mais il croit que la justice n’en est pas moins quelque chose à part et en soi ; il croit que la religion est avant tout une obéissance, que le commandement est indépendant de nos affections, et qu’il y a erreur et péril à vouloir noyer le devoir dans l’amour.

Quant à la dogmatique, qui forme comme la charpente de la morale de Vinet, nous trouvons là aussi une idée qui nous permet d’apprécier le développement de la théologie de l’auteur. Cette idée est celle de la foi. Vinet est souvent revenu sur ce sujet. Il y a consacré, dans les premiers Discours, un morceau considérable, remanié dans les éditions suivantes. Le second recueil contient deux discours sur le même sujet, et les Études évangéliques en contiennent deux autres. On ne saurait s’étonner de cette insistance, puisque la foi est le point de contact du divin et de l’humain dans l’œuvre du salut, puisque, par suite, la notion de la foi est la notion caractéristique des diverses conceptions religieuses.

Dans le discours de 1831 (il a depuis été partagé en deux) Vinet ne saisit pas encore la foi chrétienne dans ce qu’elle a de particulier. Ce n’est pas, pour lui, la foi de l’épître aux Romains qui fait entrer le chrétien dans la communion de la mort, de la résurection et de la vie de Christ ; c’est la foi de l’épître aux Hébreux, une conviction et une confiance. Vinet regarde la foi