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pales applications de la loi chrétienne. » C’était alors une nouveauté et presque une hardiesse, Du reste, la morale de ces discours n’est point celle qui se sépare de la doctrine comme le principal de l’accessoire ; ce n’est pas non plus celle qui s’ajoute à la dogmatique comme un appendice à un livre complet en lui-même ; elle ne s’y superpose pas davantage ; mais elle y pénètre, elle s’y fond, elle en sort et la produit tour à tour.

Vinet ne range pas à la suite les uns des autres des préceptes de conduite nécessairement toujours limités, règle abstraite et extérieure que l’on redoute peu parce qu’elle n’exige qu’une conformité visible et se contente d’une obéissance relative. Ce qu’il prêche, c’est le mobile intérieur, c’est la ferveur. De saveur vive, le levain à la fois amer et salutaire de sa prédication.

Si la modification qu’ont éprouvée les vues de Vinet se manifeste dans le choix même du sujet des Nouveaux Discours, elle ne se montre pas moins dans un principe sur lequel l’auteur insiste énergiquement. La prédication du Réveil et, jusqu’à un certain point, celle de Vinet lui-même en 1831, n’avait pas seulement présenté la foi comme engendrant spontanément l’amour, et celui-ci comme produisant non moins naturellement la sanctification ; la prédication dont nous parlons avait encore à peu près réduit toute la morale à l’affection intérieure ; les idées de loi et de devoir étaient devenues suspectes à cette théologie ; « aime Dieu et fais ce que tu voudras, » telle était la formule