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dont je bénis l’origine. » Après tout le meilleur moyen d’apprécier le sens et l’étendue de cette opposition, comme aussi la direction et la mesure du développement que nous étudions, c’est d’examiner les points saillants de l’enseignement de Vinet dans la seconde moitié de sa carrière.

Vinet avait été séduit d’abord par le caractère de simplicité systématique qu’offrait la doctrine du Réveil, et il avait lui-même contribué, autant que qui que ce soit, à mettre ce caractère en saillie. Le sacrifice de Jésus-Christ procurant aux croyants un salut tout gratuit, ce salut produisant l’amour, cet amour donnant naissance à une vie nouvelle et aux bonnes œuvres, tel était le rouage au moyen duquel le christianisme semblait fonctionner tout seul. Plus tard, cette simplicité devint suspecte à Vinet. Il y vit un appauvrissement de l’Évangile ; sans abandonner l’idée du mobile nouveau que la morale emprunte à la doctrine chrétienne, il reconnut que la vie religieuse, comme la vie physique, est un phénomène infiniment complexe. Il signala une erreur grave dans une manière de voir d’après laquelle le principe moral produirait ses conséquences avec la nécessité d’une loi mécanique. Enfin il lui parut que la prédication contemporaine avait fait trop bon marché de la richesse de points de vue et d’applications que renferme l’Écriture.

Les Nouveaux Discours sont le fruit de ces pensées. Le choix des sujets traités dans ce volume est significatif. « Ce sont, nous dit l’auteur, des études sur quelques-uns des caractères principaux ou des princi-