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et l’on ne peut se dissimuler qu’à la suite de ce travail, l’âme, tout en arrivant à une possession plus pleine et plus consciente de bien des convictions, n’en laisse échapper beaucoup d’autres qui ont résisté à l’assimilation religieuse.

C’est ce qui est arrivé à Vinet. Amené à l’Évangile par le Réveil, il épousa d’abord la dogmatique de celui-ci, il analysa les idées de l’enseignement que cette dogmatique avait formulé, il en dégagea la philosophie, il y chercha les arguments d’une apologétique nouvelle. L’originalité de cette apologétique suffit pour montrer que, dès le principe, Vinet sut s’approprier ce qu’il acceptait, et les notes qu’il écrivait pour son usage particulier prouveraient au besoin qu’il fit en tout temps ses réserves. Cependant Vinet se préoccupa de plus en plus du devoir de la formation individuelle des convictions ; il s’abandonna toujours plus au besoin d’assimilation religieuse, et il devint plus indépendant à mesure que sa théologie devint plus intérieure.

Nous l’avons déjà dit, la réaction de Vinet contre les tendances et les doctrines du Réveil n’est pas aussi sensible qu’elle est réelle, à cause du soin qu’a constamment eu l’écrivain de développer au lieu de renverser, de continuer au lieu de rompre. Il craignait les négations, et ne s’en est guère permis en fait de dogmatique. Cependant il avait conscience de la position qu’il occupait vis-à-vis du mouvement religieux de l’époque. « Il y a assez longtemps, écrivait-il en 1847, que je combats, dans une grande faiblesse de moyens, une tendance dont je respecte d’ailleurs le principe et