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nifeste surtout dans les Nouveaux Discours écrits <le 1837 à 1841, et dans les Études évangéliques composées de 1841 à 1847. Elle ne se montre pas moins dans les travaux dont l’auteur enrichissait, à la même époque, divers recueils religieux. Enfin elle a reçu une expression très nette dans le morceau sur la Théologie de Pascal, morceau dont la rédaction date de 1841). Essayons, en nous appuyant sur ces divers écrits, de caractériser un développement qui, pour n’avoir rien eu de brusque ni de tranché, ne nous en semble pas moins incontestable[1].

Un développement semblable a lieu partout où il y a intensité de vie spirituelle. Le chrétien ne forme pas ses premières convictions ; le plus souvent il les reçoit, il les reçoit sous la forme qu’elles ont revêtue dans telle ou telle société religieuse, il les reçoit en masse et de confiance, sans distinguer entre des éléments de valeur très diverse, mais qui paraissent placés sous la sanction de la même autorité et en quelque sorte solidaires les uns des autres. Peu à peu cependant l’individualité reprend ses droits, elle se forme, elle se développe, elle cherche à s’approprier le contenu d’une foi d’abord peu réfléchie,

  1. Indépendamment de la transformation générale que nous indiquons dans les pages suivantes, les convictions de Vinet paraissent s’être modifiées ou, si l’on veut, s’être précisées, vers 1840, sur un point particulier de la doctrine chrétienne. Il ne s’agit de rien moins que de la nature de la rédemption. Les manuscrits inédits de l’auteur portent vraisemblablement la trace d’un changement dont nous trouvons plus tard la preuve dans un article à la fois significatif et discret (Semeur du 26 octobre 1846).