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de pardon que celui qui régénère ; mais le pardon et la régénération, séparables pour la réflexion, nécessairement séparés dans les procédés analytiques de l’enseignement religieux, se confondent en réalité dans l’unité de l’acte spirituel. Cet acte spirituel, c’est la foi ; or, la foi, considérée dans ce qu’elle a de plus naïf, de plus simple, de plus immédiat, consiste à embrasser la personne de Jésus-Christ, à entrer dans la communion de la vie qui émane de lui. Qui dit : la vie, dit sans doute pardon, salut, régénération, sanctification ; mais, en inventoriant le contenu de la foi, en introduisant la succession et le rapport de causalité entre les divers éléments qu’on y peut distinguer, on tombe dans un sérieux inconvénient, on perd de vue le caractère synthétique du phénomène religieux et l’on va même jusqu’à en altérer la nature. C’est ce que Vinet a lui-même excellemment exprimé, dix ans après, dans les Études intitulées La grâce et la loi et Le regard.

La seconde et la troisième édition des Discours sur quelques sujets religieux portent les traces de la trans- formation graduelle qui s’accomplissait dans le christianisme de Vinet. Mais cette transformation se ma-

    il signifie remettre la peine méritée par une faute. C’est cette seconde acception qui nous parait la plus usuelle dans le langage religieux, et c’est sur cette acception seulement que porte notre critique. Dans le premier sens du mot, le pardon est synonyme de l’amour paternel de Dieu, il constitue le fond même et la substance objective de l’Évangile, il est indépendant de la conversion, il la précède, bien plus, il la rend possible.