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il est encore puissance intérieure, asservissement lyrannique. Le pécheur est comme enfermé dans un cercle fatal dont il ne peut plus sortir. Comment, déclarant la guerre à sa propre nature, la forcera-t-il d’aimer Dieu, d’aimer le bien et de haïr le mal ? Comment tuera-t-il en lui le vieil homme pour y créer l’homme nouveau ? Ici encore l’état de l’homme offre un problème que Dieu seul peut résoudre. Le péché est à la fois condamnation et dépravation : le salut devra être à la fois pardon et régénération.

C’est ici que commence la démonstration apologétique proprement dite. Jusqu’ici nous n’en avons vu que les préliminaires. Nous connaissons l’état de l’homme ; nous allons voir ce que l’Évangile a fait pour lui. L’Évangile, dit Vinet, ne peut venir que de Dieu, car l’Évangile est le salut ; il est le salut véritable, car seul, entre toutes les doctrines qui ont été prêchées, il apporte à la fois le pardon et la vie nouvelle.

Le sentiment du péché, avons-nous dit, se traduit par deux idées dogmatiques, la loi considérée comme inexorable et l’opposition en Dieu de la justice et de l’amour. De son côté, la conscience de la délivrance par Jésus-Christ s’est exprimée par le dogme de la satisfaction. En mourant à notre place, Jésus-Christ a satisfait aux exigences de la loi ou, ce qui n’est qu’une manière moins abstraite d’exprimer la même chose, il a satisfait à la justice de Dieu et il a ainsi concilié les intérêts de la justice avec ceux de la miséricorde.

C’est sous cette dernière forme, plus vivante et plus