Page:Scherer - Alexandre Vinet, 1853.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 101 —

que la doctrine qui résout le problème des problèmes, la doctrine qui nous sauve ne peut qu’être divine ; elle est la vérité.

Vinet, en aucun temps, ne s’est beaucoup occupé du côté métaphysique de la question du péché, mais il a insisté sur un sentiment qui joue un grand rôle dans l’argumentation dogmatique du Réveil, nous voulons dire le sentiment que le péché une fois commis est ineffaçable, la coulpe une fois contractée indélébile. Ce sentiment devient le fondement du dogme de l’expiation et de la satisfaction, et, aux yeux de beaucoup de personnes, il en constitue le fondement le plus solide. Peut-être, en y regardant de plus près, s’apercevrait-on, non-seulement que le remède proposé n’est pas réel, mais aussi que le phénomène de la coulpe n’a pas été étudié d’une manière suffisante, soit au point de vue psychologique, soit au point de vue moral. On a fait intervenir dans ce sujet des éléments abstraits, tels que la dignité infinie de Dieu, ou bien l’on s’est laissé dominer par l’analogie que présentent certaines métaphores consacrées. Et cependant, dans ce dogme comme dans tous les dogmes traditionnels, une analyse morale un peu délicate démêle un sentiment vrai et profond. Le péché est l’asservissement de l’esprit à la chair, et la coulpe est l’ombre que le péché projette sur la conscience. Si le pécheur se sent coupable, c’est parce qu’il sent qu’il n’est pas ce qu’il devrait être. Si ce sentiment de culpabilité adhère avec tant de force à la conscience, c’est que le péché n’est pas un acte isolé dans l’homme, mais une puissance ;