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qu’il la tire de sa propre vie spirituelle, et il faudra bien, bon gré, mal gré, qu’elle devienne le principe organique de sa théologie.

Nous nous expliquons. Pour ceux qui n’ont pas su pénétrer le sens des symboles inévitables du langage religieux, le salut est une félicité extérieure ; pour les autres, c’est la communion même avec Dieu. Pour les premiers, c’est la conséquence de la justification, ou de la sanctification, ou des deux faits réunis ; pour les autres, c’est la sanctification même. Aux yeux des uns, c’est un lieu où l’on est admis en vertu d’une grâce ou d’un mérite ; aux yeux des seconds, c’est un état de l’âme que la grâce divine produit en nous. Ce dernier sentiment, cela va sans dire, est celui de Vinet. « La foi, selon lui, ne sauve que parce qu’elle régénère ; elle est moins le chemin de la vie que la vie elle-même ; elle consiste à recevoir dans le cœur des choses propres à le changer. » Reste à voir quel usage Vinet a fait de cette notion capitale et jusqu’à quel point il est demeuré en deçà des légitimes conséquences du principe qu’il avait posé.

Le fond de la doctrine de Vinet en 1831, c’est la doctrine du Réveil, c’est-à-dire essentiellement celle de Paul et de la Réformation, mais cette doctrine telle que le dix-septième siècle l’avait formulée et que le méthodisme se l’était appropriée. Notre apologète prend son point de départ dans une description de l’état religieux de l’homme, et essaye de montrer avec quelle exactitude et quelle puissance l’Évangile répond aux besoins de cette grande misère. De là il conclut