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giens. On comprend d’ailleurs l’indifférence de Vinet à l’égard de ces démonstrations historiques. Le terrain sur lequel on les rencontre était étranger à ses études et à son esprit. Il s’était peu occupe des recherches de ce genre ; il ne leur devait rien de son christianisme ; enfin un sentiment secret l’avertissait sans doute de l’insuffisance de l’histoire, nous ne disons pas pour donner la foi, mais même pour produire une conviction assurée. La conviction religieuse est de telle nature qu’elle implique la certitude historique des faits évangéliques beaucoup plus qu’elle ne s’y appuie.

Il est un argument pour lequel Vinet a plus d’affection et qu’il a développé quelquefois avec éloquence, C’est celui qui se tire de la rénovation morale de l’homme par l’Évangile. En effet, ce changement, cette vie nouvelle, sont des réalités dont l’évidence, pour être spirituelle, n’en est pas moins éclatante. Et nous ne parlons pas ici d’une évidence pour celui-là même qui a cru et auquel les objections ne peuvent enlever une foi qui se sert de démonstration à elle-même. L’observateur encore étranger aux sentiments de cet ordre peut cependant apprécier leur puissance dans les autres ; il ne saurait s’empêcher d’y reconnaître des faits, et dès lors il peut tout au plus contester sur la cause et, pour ainsi dire, sur le droit de ces faits. Mais, dit Vinet, il est impossible qu’une religion qui mène à Dieu ne vienne pas de Dieu, et l’absurdité consiste précisément à supposer que l’on puisse être régénéré par un mensonge.

Du reste, on le comprend, un argument de ce genre